Si vous êtes à votre bureau et que vous vous apprêtez à lire cet article (qui, promis, sera passionnant), prenez quelques secondes pour prêter attention aux bruits et sons qui vous entourent. L’imprimante. Les conversations de vos collègues à proximité. Les portes qui claquent. Les téléphones qui sonnent dans le vide. Si vous y prêtez suffisamment attention, vous allez même relever des bruits que vous ne remarquiez même plus. La ventilation par exemple.
Maintenant, posez-vous cette question : est-ce que tous ces bruits vous dérangent autant ?
De l’homme des cavernes à l’homme de l’open-space
Pour répondre à cette question, revenons (très) en arrière dans l’histoire de l’humanité. À l’origine, l’homme primitif, celui qui vivait de chasse et de cueillette, vivait dans le silence, en pleine nature. Et son audition ne servait qu’à assurer sa survie : pour repérer ses proies lorsqu’il chassait (et donc avoir à manger !) et pour entendre les dangers qui rodent, pour qu’il ne devienne pas à son tour chassé. C’est donc pour cela qu’encore aujourd’hui, notre audition est le seul de nos sens qui ne s’arrête jamais, même lorsque l’on dort. Vous pouvez essayer, mais vous n’arriverez jamais à arrêter d’entendre, comme on peut fermer les yeux pour ne plus voir.
Et c’est ce qui assurait la survie de nos ancêtres il y a plusieurs milliers d’années qui nous rend aujourd’hui la vie dure dans nos bureaux. Alors que nous vivons désormais dans un monde bruyant, notre perception des sons est restée la même : tout ce que nous entendons, notre cerveau l’analyse, juste au cas où. Dans le cas d’un open-space bruyant, cela veut donc dire traiter constamment de l’information, tout au long de la journée. Vous fonctionnez comme une machine en somme, et à force de tourner à plein régime, ça surchauffe : d’où la fatigue et les maux de tête en fin de journée.
Cerveau en surchauffe !
Non seulement cela vous fatigue, mais ça vous empêche aussi de travailler correctement. Lorsque vous essayez de vous concentrer sur quelque chose à votre bureau, vous essayez de mobiliser 100% des ressources de votre cerveau (un peu comme la mémoire vive de votre ordinateur). Et si par exemple, une conversation démarre pas loin de vous – comme on l’a expliqué – votre cerveau va automatiquement l’analyser. Et donc, au lieu d’être à 100% sur votre tâche, vous n’y serez qu’à 90% par exemple. Nombreuses sont d’ailleurs les études qui ont montré que si l’on vous faisait faire un test simple (du calcul par exemple), vous ferez plus d’erreurs si l’on vous expose à un bruit de fond plutôt que du silence.
Tous les bruits ne se valent pas
Revenons enfin à notre question initiale : est-ce que le bruit de l’imprimante vous dérange autant que la conversation de vos voisins ? La réponse est non. Tout d’abord, si l’on continue notre raisonnement, lorsque les sons que nous percevons contiennent de l’information (des conversations plutôt que des bruits de machine par exemple), cela demandera plus d’analyse à notre cerveau, puisque celui va s’intéresser au contenu de l’information. Il va même se demander si cette conversation pourrait vous être utile, et dans ce cas mobilisera encore davantage de capacité. Mais également, il y a ce qu’on appelle le phénomène d’habituation qui rentre en jeu : votre cerveau s’habitue à certains bruits (s’ils sont suffisamment constants ou récurrents) et y prêtera moins attention : pensez à la trotteuse de l’horloge par exemple !
D’autres études ont montré que les bruits que vous êtes en mesure de prédire vous dérangeront moins : l’effet de surprise amplifie votre gêne. Alors, terminons ce billet par un (précieux) conseil pour ceux qui entretiennent nos bureaux : la prochaine fois que vous prévoyez des travaux dans les bureaux, pensez à prévenir tout le monde de la date et des raisons de ces travaux. Vous verrez, le bruit de perceuse deviendra – au moins un peu – plus tolérable.
