Acoustique : quel rôle pour les normes ?

Acoustique : quel rôle pour les normes ?

L’ACOUSTIQUE DE NOS BUREAUX N’EST PAS GARANTIE PAR LA LOI

À l’heure actuelle, la seule contrainte imposée par la réglementation concernant l’environnement sonore de vos bureaux, c’est que celui-ci ne doit pas dépasser 80 dB. Faute de quoi, l’employeur doit fournir des équipements de protection individuelle adaptés.  Autant le dire tout de suite, 80 dB (le niveau sonore d’un réveil, ou encore du trafic routier) dans un bureau, ça n’est heureusement jamais atteint.

Si l’on ré-explique cela autrement, il n’y a pour le moment aucune contrainte légale à créer un environnement acoustique convenable dans les bureaux, contrairement à d’autres espaces (tels que les écoles) qui font l’objet d’une réglementation plus poussée.

Bien heureusement, la planification acoustique des bureaux ne repose pas seulement sur notre bonne intuition lors de la conception des locaux. Il y a avant tout l’expertise et les conseils de l’acousticien, qui saura s’appuyer sur des documents essentiels : les normes.

NORME ?

L’organisation internationale de normalisation (ISO, basée en Suisse) définit une norme de la façon suivante :

« Document établi par consensus et approuvé par un organisme reconnu, qui fournit, pour des usages communs et répétés, des règles, des lignes directrices ou des caractéristiques, pour des activités ou leurs résultats, garantissant un niveau d’ordre optimal dans un contexte donné. »
 

Dans le cas de l’acoustique des bureaux, on se rapproche plutôt de « lignes directrices », la plupart des textes proposant des valeurs à atteindre pour offrir un environnement acoustique de qualité suffisante.

L’« organisme reconnu » en France, c’est l’Agence Française de NORmalisation (AFNOR). Il existe également un organisme pour l’Europe entière, le Comité Européen de Normalisation (CEN), et l’ISO pour l’échelle internationale (plus de 160 pays membres). Le processus de normalisation (l’obtention d’un « consensus ») peut prendre de longues années.

En France, le respect des normes n’est pas imposé par la loi. Pour que ce soit le cas, celles-ci doivent faire l’objet d’une procédure réglementaire supplémentaire. Ce n’est pas le cas des normes qui concernent l’acoustique de nos bureaux !

LES TEXTES QUI FONT RÉFÉRENCE

Les normes en vigueur en France qui concernent l’environnement sonore de nos bureaux sont pourtant nombreuses.

La plus ancienne des normes qui concerne l’acoustique des bureaux est celle de 1998 qui porte sur l’ergonomie des espaces de travail (NF X 35-102), qui reliait la surface minimale par personnes aux considérations acoustiques :

« Si l’activité principale des occupants d’un bureau collectif est fondée sur des communications verbales, il est nécessaire de prévoir au moins 15m² par personne pour limiter les interférences entre locuteurs. »

 

Est arrivée ensuite une norme cruciale, celle de 2006 (NF S 31-080), qui pour huit types d’espace (bureau individuel, salle de réunion, espaces ouverts, etc.) définit 3 niveaux de performance acoustique : « courant », « performant » et « très performant ».

En 2012, l’ISO publie une norme (ISO 3382-3) définissant de nouveaux paramètres acoustiques, plus adaptés à l’environnement sonore des bureaux en open-space. Elle ne fixait toutefois aucune valeur cible à atteindre.

Chose corrigée avec la toute dernière norme française de 2016 (NF S 31-199), première norme consacrée exclusivement au confort acoustique dans les bureaux en open-space. Utilisant les paramètres de la norme de 2012, elle propose des valeurs cibles à atteindre pour quatre types de bureaux ouverts : activité réalisée essentiellement par téléphone,  activité basée sur un travail collaboratif, activité basée sur un travail faiblement collaboratif et activité pouvant comporter l’accueil du public. Rendez-vous sur le site de l’AFNOR pour en savoir plus.

DANS LA PRATIQUE

Même si les normes concernant l’acoustique des espaces de travail ne sont pas obligatoires, elles restent malgré tout un élément crucial pour la garantie de notre confort acoustique. D’abord, car les valeurs cibles de performance acoustique mentionnées par ces textes sont utilisées comme références lors de la conception de bâtiments (par les architectes, les acousticiens. Mais également, ces documents peuvent être inclus dans les cahiers des charges afin d’imposer un niveau suffisant de confort acoustique.

Les normes acoustiques évoluent énormément. De documents très “techniques”, ils deviennent progressivement plus accessibles – à l’instar de la nouvelle norme de 2016 – afin de donner davantage de moyens aux utilisateurs des bureaux pour s’approprier cette problématique.

Pour aller plus loin : vous pouvez lire ceci.

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Thomas Roul

Vous avez remarqué ? Il y a trop de bruit dans nos bureaux. Spécialiste de l'acoustique des espaces de travail auprès de Saint-Gobain Ecophon, je vous propose de mieux comprendre comment maîtriser votre environnement sonore pour enfin s'entendre travailler.

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