Bureaux d’ailleurs : Afrique du Sud

Bureaux d’ailleurs : Afrique du Sud

Je vous propose une série d’interviews pour découvrir des regards différents sur un sujet que nous partageons tous : nos espaces de travail. Je vais donc successivement donner la parole à mes comparses d’Ecophon du reste du monde, qui eux aussi militent pour un plus grand confort acoustique dans les environnements de travail.  Et d’un pays à l’autre, le challenge change du tout au tout.

Pour commencer cette série, premier arrêt (presque) au bout du monde : direction Johannesburg, capitale économique de l’Afrique du Sud et l’une des cinquante plus grandes métropoles mondiales. Fondée en 1886, sa population dépasse désormais les 4 millions d’habitants (son aire urbaine frôle quant à elle les 8 millions).   Accessoirement, Johannesburg, ça ressemble à ça :

Nous partons donc à la rencontre de Lauren, d’Ecophon Afrique du Sud. Ecophon est la dernière société du groupe Saint-Gobain en date à s’être installée en Afrique du Sud.

Thomas : Pour commencer, peux-tu nous dire quelques mots sur toi ?

Lauren : Je suis architecte d’intérieur de formation, et j’ai rejoint Ecophon à Johannesburg en fin d’année 2014 pour m’intéresser à l’acoustique des espaces de travail. Je suis une adepte du visual thinking, et je suis fascinée par le concept-même du travail. Je passe mon temps à explorer comment l’espace, et particulièrement son acoustique, permet d’accompagner au mieux le travail.

Lauren Krüger, Saint-Gobain Ecophon South Africa

Lauren Krüger, Saint-Gobain Ecophon South Africa

Dans quel type d’environnement travailles-tu ?

Je travaille dans un bureau ouvert. Nos locaux accueillent les quelques 200 collaborateurs des différentes sociétés du groupe Saint-Gobain, dont Ecophon. Bien que la majorité des espaces de travail soit en open-space, il y a également plusieurs salles de réunion, des espaces de réunions informelles et le restaurant d’entreprise. J’ai tendance à me déplacer dans le bâtiment en fonction de ce que j’ai à faire chaque jour. J’ai même trouvé quelques endroits où je peux être “anonyme” et où je peux travailler quelques heures sans être interrompue.

Saint-Gobain en Afrique du Sud (© Saint-Gobain)

Saint-Gobain en Afrique du Sud (© Saint-Gobain)

 

Comment t’es-tu retrouvée à te soucier de l’environnement acoustique des bureaux ?

En tant qu’architecte d’intérieur, je me suis rendue compte que l’acoustique était l’un des problèmes pour la plupart des projets sur lesquels je travaillais. Je trouvais que les clients avaient des attentes bien définies sur leur environnement acoustique, mais qu’ils étaient incapables de l’exprimer clairement. En l’absence d’attentes clairement définies dès les premières étapes d’un projet, toutes les décisions sont prises sans considération de leur impact final sur l’environnement acoustique. Cela entraîne souvent la déception du client lorsqu’il emménage dans ses locaux, puisque la réalité de l’environnement sonore n’est pas à la hauteur de ses attentes. Mon rôle chez Ecophon est donc d’apporter les bonnes connaissances et les bonnes conversations au sujet de l’acoustique aux bonnes personnes, au bon moment.

À quoi ressemble le bureau sud-africain typique ?

Les bureaux sud-africains varient énormément, bien que l’aménagement le plus courant soit l’open-space avec un nombre très limité d’espaces périphériques (salles de réunion, de pause, de concentration).  De nombreux bureaux sont encore équipés de mobilier beaucoup trop imposant (vestige du temps où les unités centrales étaient volumineuses et le rôle du papier occupait une place cruciale). La taille et la localisation d’un bureau sont souvent perçues comme un symbole du statut dans les entreprises sud-africaines – plus le bureau est grand, plus la personne est importante. Cette mentalité rend les changements vers les aménagements plus contemporains en bureaux ouverts, très difficile : pour beaucoup, un bureau est bien plus qu’une simple surface de travail.

Parlons maintenant de la vie de bureau en Afrique du Sud. As-tu des éléments à partager avec nous ?

Une journée de travail normale commence à 8 heures et se termine à 17 heures. Dans les plus grandes villes – Johannesburg, Pretoria et Le Cap, le trafic est dense et les gens viennent de loin, ce qui rallonge les journées. La plupart des personnes ont un bureau attitré et restent très conservateurs là-dessus. La connexion à internet est encore un challenge de temps en temps, ce qui entraîne encore beaucoup de frustration. La vie de bureau sud-africaine est soutenue par de grandes quantités de café et de rooibos [thé rouge sud-africain], pour survivre aux longues journées. Les bureaux sud-africains peuvent être des environnements aussi riches et variés que la population de la nation, et ils deviennent une plateforme importante pour la construction de la jeune démocratie d’Afrique du Sud.

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Projet Ecophon à Pretoria, en Afrique du Sud (© Ecophon)

L’Afrique du Sud est une économie émergente : comment t’y prends-tu pour mettre en avant l’acoustique lorsque la plupart des organisations doivent clairement avoir d’autres priorités ?

S’assurer que les considérations acoustiques soient exprimées et entendues au bon moment et au bon endroit, c’est vraiment un challenge pour un marché émergent. C’est vrai qu’il y a beaucoup de priorités (le chômage élevé, l’accès à l’éducation et à la santé, etc.) qui peuvent rendre déplacées des considérations spécialistes comme l’acoustique, voire même le transformer en luxe. Toutefois, les organisations sud-africaines font face ici, aux mêmes défis en termes d’espace de travail que dans les économies avancées, et par conséquent un traitement acoustique adapté peut avoir ici un effet tout aussi positif sur la productivité des travailleurs.  Je trouve que dans un marché émergent, il est crucial de clarifier qu’il y a un vaste choix de niveaux de performance en termes d’acoustique, et qu’ils ont chacun un niveau de coût associé.

Selon toi, comment est-ce que les Sud-Africains s’imaginent la façon française de travailler ?

La façon française de travailler est perçue comme très hiérarchique, structurée et déterminée à suivre des règles déjà établies. Les longues journées de travail sont également associées à la vie de bureau française, et c’est clairement quelque chose dans lequel les Sud-Africains se reconnaissent également !

Comment imagines-tu le bureau de demain ? 

Des fois, je me dis que je suis née trop tôt ! J’attends avec impatience le jour où mon bureau me permettra d’utiliser ce que j’appelle un “système visuel”, une série d’outils que je peux utiliser avant d’afficher et de manipuler les flux d’informations, mes pensées et mes idées – de préférence avec des commandes tactiles et visuelles. La représentation visuelle de la pensée pourrait libérer la communication et la collaboration, en passant d’un processus purement de transmission-réception à une activité dynamique, où les possibilités les moins conventionnelles et les connexions obscures sont plus facilement prises en compte. Dans ce type d’environnement de travail, un environnement acoustique adapté sera crucial pour maximiser l’utilisation de ces “systèmes visuels” complexes, onéreux mais très utiles.

Thank you à Lauren de s’être prêtée au jeu de l’interview.
Vous pouvez la retrouver sur Twitter .

Ça vous a plu ? Faites le savoir à la terre entière, ou même juste à l’auteur : partagez, commentez, à vous de jouer !

Thomas Roul

Vous avez remarqué ? Il y a trop de bruit dans nos bureaux. Spécialiste de l'acoustique des espaces de travail auprès de Saint-Gobain Ecophon, je vous propose de mieux comprendre comment maîtriser votre environnement sonore pour enfin s'entendre travailler.

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