Nous avons tous fait l’expérience du restaurant beaucoup, beaucoup trop bruyant. Ces restaurants que l’on fuit précipitamment, épuisés d’avoir fait tant d’efforts pour suivre la conversation jusqu’à ce qu’on ait terminé le plat du jour. Tant pis pour le dessert.
La prochaine fois que vous allez au restaurant, observez la façon dont se tiennent les clients. Vous saurez immédiatement quel type d’environnement sonore vous aurez au menu.
Comment différencier d’un simple coup d’œil restaurants calmes et restaurants bruyants.
La qualité de l’environnement sonore est désormais devenue un critère jugé aussi important que la qualité du repas et du service. Pour preuve, le site d’avis et de réservation en ligne La Fourchette a intégré le niveau sonore à ses critères d’évaluation, de “très calme” à “très bruyant”.
Le restaurant est probablement le meilleur exemple de ce qu’on appelle l’effet cocktail (ou effet Lombard pour les plus rigoureux). Ce phénomène, formalisé par le Français Etienne Lombard en 1909, consiste en l’adaptation involontaire de notre effort vocal dans un environnement bruyant. Au-delà de parler plus fort, nous adaptons notre tonalité, notre articulation et notre prononciation des voyelles de façon à être mieux compris. Et c’est un cercle vicieux : plus le bruit de fond sera élevé, plus nous allons amplifier notre effort vocal… et donc augmenter encore davantage le bruit de fond.
Fatigue, maux de tête, discussions difficiles : l’impact du bruit sur notre déjeuner est évident. Ils viennent évidemment gâcher des moments de convivialité, mais pour ce qui est des restaurants d’entreprise, ils empêchent également les collaborateurs de “recharger les batteries”. Au retour de la pause déjeuner, ils peuvent être encore davantage fatigués et stimulés, plutôt que reposés et prêts à aborder l’après-midi avec sérénité.
Dans un restaurant avec beaucoup de bruit, on a fini par se parler via WhatsApp.
— Salma Slimani (@almasslim) 27 avril 2015
Mais le bruit au restaurant a également des conséquences beaucoup plus inattendues ! Notre environnement va venir influencer notre perception des saveurs, que ce soit l’intensité lumineuse ou encore les couleurs. Mais qu’en est-il de l’environnement sonore ? Pour Charles Spence, professeur en psychologie expérimentale à l’Université d’Oxford, l’ouïe est le seul des 5 sens que l’on oublie quand on s’intéresse à notre perception des saveurs :
“Lorsque nous pensons aux saveurs, nous pensons au goût, aux odeurs, à l’apparence de la nourriture, à sa texture, à sa sensation en bouche – mais on ne pense jamais au son.”
L’équipe de Charles Spence a ainsi montré que les sons aigus amplifiaient la perception des saveurs sucrées, tandis que les sons graves amplifiaient la sensation d’amertume. C’est particulièrement perceptible avec des aliments ou boissons mariant ces deux saveurs, comme le chocolat ou le café. Vous pouvez d’ailleurs faire le test vous-même ici.
Une nouvelle possibilité s’offre désormais à vous : des restaurants imposent désormais le silence absolu. Histoire de déjeuner au calme… et de ne pas influencer nos papilles !
On termine cet article avec ce restaurant d’entreprise dont l’acoustique a été traitée grâce aux îlots suspendus et baffles d’Ecophon. Retrouvez d’autres inspirations par ici.
