La gêne sonore ne se mesure pas avec un sonomètre, mais à l’aide de questionnaires et d’entretiens individuels, puisqu’il s’agit d’évaluer du ressenti. On se “sent” plus ou moins gêné par un bruit. Deux personnes qui entendent le même bruit ne rapporteront pas nécessairement la même gêne. Depuis plusieurs années, les chercheurs tentent de comprendre comment expliquer ces différences et de déterminer les facteurs qui viendront influencer la gêne que l’on ressent, pour mieux la prévoir et la réduire.
Au fil des années et des études, il a été reconnu que la gêne sonore ressentie était loin d’être une simple fonction du niveau sonore mesuré. L’une des premières études qui s’était penchée sur ce sujet avait été commandée par la NASA au début des années 1970, et s’intéressait à la gêne sonore due aux bruits d’avion à proximité des aéroports. L’étude avait été menée dans plusieurs grandes villes américaines, et avait pour but de lister les facteurs permettant d’expliquer le niveau de gêne rapporté.
La première grande conclusion de cette étude est que les mesures de niveaux sonores n’expliquaient que 14% de la gêne sonore. Il faut donc chercher d’autres paramètres non-acoustiques pour expliquer les différences interindividuelles : cette étude en liste 7. Des paramètres qui expliqueraient notamment la différence entre ces deux tweets :
quand j’entends le bruit d’un avion genre trop fort par rapport à d’habitude j’ai tjrs l’impression qu’il va se cracher sur ma maison
— lea (@plp_lea) 29 mai 2016
Il y a un avion qui est passé super proche de ma maison j’ai trop aimé le bruit
— Annushka (@JUGT5) 24 mai 2016
- La peur que l’avion s’écrase dans le voisinage. Si vous êtes davantage anxieux à l’idée que l’avion que vous entendez puisse s’écraser à proximité, vous rapporterez une gêne supérieure.
- Notre sensibilité au bruit. Les individus plus sensibles ressentiront davantage de gêne.
- La distance à l’aéroport.
- La capacité à s’adapter au bruit, à le contrôler.
- La ville de résidence.
- Si l’on considère (ou non) que les autorités font le maximum pour réduire la nuisance sonore. Par exemple, l’aéroport d’Orly est fermé la nuit (couvre-feu de 23 h 30 à 6 h, en vigueur depuis 1968 !) afin de limiter les nuisances des riverains. Ce n’est pas le cas de l’aéroport de Roissy. Ainsi, les riverains d’Orly sont susceptibles de ressentir moins de gêne la journée que les riverains de Roissy, car au moins, les autorités les protègent la nuit.
- La place que l’on accorde, de façon générale, au transport aérien et aux aéroports. Par exemple, les habitants des îles sont généralement plus tolérants aux bruits aériens car le transport aérien est perçu comme crucial pour la “survie” de l’île.
Si l’on considère (ou non) que les autorités font le maximum pour réduire la nuisance sonore. Par exemple, l’aéroport d’Orly est fermé la nuit (couvre-feu de 23 h 30 à 6 h, en vigueur depuis 1968 !) afin de limiter les nuisances des riverains. Ce n’est pas le cas de l’aéroport de Roissy. Ainsi, les riverains d’Orly sont susceptibles de ressentir moins de gêne la journée que les riverains de Roissy, car au moins, les autorités les protègent la nuit.
En prenant en compte ces sept facteurs avec les mesures de niveau sonore, nous passons de 14% à 61% de la gêne sonore qui peut être expliquée. Notre perception de notre environnement sonore est ainsi en grande partie déterminée par des facteurs qui ne sont pas directement liés à l’acoustique.
C’est cette idée que l’on retrouve dans notre approche psychoacoustique pour les espaces de travail : identifier les facteurs subjectifs et non-acoustiques qui viennent influencer notre confort acoustique, notre ressenti, dans nos bureaux.