Il est de plus en plus compris et accepté que nous sommes davantage satisfaits de notre environnement de travail lorsque l’on nous laisse le contrôle sur celui-ci. Par contrôle, on peut par exemple parler du contrôle de la luminosité (éclairage, stores), de la température, ou même encore de la décoration et de l’aménagement. Histoire d’éviter les scénarios comme celui-ci :
Grand soleil et 25 degrés dehors mais enfermée dans un open space sans fenêtre où il fait -12 pic.twitter.com/hrXW8VmvoU
— Pauline Brun (@br1pauline) 11 mai 2016
On tend désormais à privilégier les éclairages d’appoint ou encore à abandonner les systèmes de stores automatiques. En se sentant plus “maîtres” de nos bureaux, nous en sommes plus satisfaits. Et qui dit salarié plus heureux… dit salarié plus performant. Une question se pose alors : et si le contrôle n’était pas aussi ce qu’il nous manque pour notre environnement sonore ?
Lors d’une étude en 1972, Glass et Singer ont demandé à deux groupes d’individus de corriger des fautes d’orthographe dans un texte. À l’un des groupes, il avait été précisé dès le départ que les participants avaient le contrôle sur le bruit auquel ils allaient être exposés. À l’autre groupe, il avait été à l’inverse précisé qu’ils n’auraient aucun contrôle sur les éclats de bruits intermittents auxquels ils allaient être exposés.
Les deux groupes de participants ont tous autant réussi l’exercice. Là où les choses deviennent intéressantes, c’est lorsque les deux groupes ont du refaire l’exercice juste après, avec le même bruit pour tous : ceux qui avaient eu le contrôle sur le bruit se sont avérés plus performants. Glass et Singer ont suggéré que cela pouvait être une conséquence d’une plus grande tolérance pour la frustration dans les conditions où les éclats de bruit étaient signalés et pouvaient être anticipés. Tous les individus étaient exposés à des conditions identiques, et pourtant ceux qui avaient la perception qu’ils pouvaient les modifier (même si ce n’était pas le cas) ont ressenti moins de stress. Une autre observation importante est que le stress lié au bruit a continué à impacter la performance des participants après l’exposition au bruit.
Le bruit du PC de mon voisin de bureau m’empêche d’entendre correctement le bruit des travaux de l’extérieur.
— Sacha (@sachamoule) 3 juin 2013
Carton et Aiello (2009) se sont quant à eux intéressés aux interruptions d’ordre social (celles venant d’une autre personne) et notre contrôle sur celles-ci. Ils ont montré que les participants qui étaient capables d’anticiper ces interruptions étaient bien plus performants que ceux qui ne le pouvaient pas. De plus, les participants qui avaient la possibilité d’empêcher ces interruptions déclaraient subir moins de stress que ceux qui ne le pouvaient pas et Aiello suggèrent que les individus qui savent qu’ils peuvent être exposés à des interruptions ont les moyens de mettre en place des tactiques préventives pour s’adapter et minimiser le dérangement et la frustration lorsque ces interruptions ont lieu. Plus important encore, d’un point de vue environnement de bureaux, ils en ont conclu que les individus n’ont pas réellement besoin de pouvoir empêcher les interruptions pour qu’il y ait une amélioration : simplement croire qu’ils le peuvent a déjà un effet.
Vous pouvez dire à ma collègue d’arrêter de m’interrompre toutes les deux minutes quand j’essaie de travailler s’il vous plait ?
— Yoxigen (@Yoxigen) 5 février 2013
Le contrôle sur l’environnement sonore est l’un des piliers de notre approche psychoacoustique. Maintenant, vous comprenez mieux pourquoi !