Les psychologues ont mené de nombreux travaux afin de mieux comprendre le lien entre notre sensibilité au bruit et notre personnalité. Parmi ces travaux, la loi de Yerkes-Dodson est particulièrement intéressante pour mieux comprendre nos espaces de travail.
En 1908, Robert Yerkes, assisté de John Dodson, ont publié leurs travaux liant notre niveau d’éveil (“arousal level“) à notre performance. En effet, quelle que soit la tâche que nous avons à réaliser, nous devons être suffisamment “éveillés”, stimulés, pour être en mesure de la réaliser correctement. Les stimulations sonores, que ce soit du bruit ou de la musique par exemple, sont une façon d’accroître notre niveau d’éveil.
Là où les choses se compliquent, c’est que si l’on est trop stimulé, la bonne réalisation des tâches se complique à nouveau. La loi de Yerkes-Dodson, c’est donc une courbe en U inversé liant le niveau d’éveil à la performance dans la réalisation des tâches. Il est important d’être suffisamment éveillé, mais pas trop ! En d’autres termes, il est nécessaire d’atteindre le sommet de la courbe ci-dessous, et éviter de le dépasser !
Compliquons les choses encore davantage. Notre niveau naturel d’éveil (notre position “normale, au repos” sur l’axe horizontal) n’est pas le même pour tous ! En effet, celui-ci va dépendre fortement de notre personnalité. Les personnes introverties sont naturellement plus éveillées que les personnes extraverties : elles ont donc moins besoin de stimulation supplémentaire pour atteindre leur pic de performance.
Pour les tâches les plus simples, les introvertis sont déjà naturellement suffisamment éveillés pour les réaliser, puisqu’il n’est pas nécessaire d’atteindre le “pic” de performance. Ce n’est pas le cas pour les extravertis ! Cela permet notamment d’expliquer ce que nous expliquions sur notre rapport à la musique au travail : les extravertis auront plus tendance à écouter de la musique pour réaliser les tâches les plus courantes ou répétitives, car ils ont besoin d’une stimulation supplémentaire pour élever leur niveau d’éveil.
Et pour les tâches les plus complexes, où il est nécessaire d’atteindre le pic de la courbe, les besoins ne sont pas les mêmes pour les extravertis et les introvertis. C’est pourquoi l’environnement sonore des open-spaces (relativement stimulant !) est davantage favorable aux extravertis qu’aux introvertis. Sauf que, des études ont montré que les extravertis passent la majeure partie de leur temps en réunion ou en rendez-vous, et non au bureau. Les introvertis eux, sont bien là !